mercredi 23 décembre 2009

AMIS-AMIS

Tout au long de ma vie j’ai eu le besoin d’être entouré d’amis, certes is ont été nombreux, de par le travail surtout, et puis les rencontres.

Certains ont eu un statut un peu plus particulier parce que j’ai éprouvé pour eux de l’amour. Autrefois on parlait “d’amitiés particulières” et ça avait un côté péjoratif parce que l’on assimilait cela forcément à des pratiques sexuelles. La litérature et le cinméa s’en sont largement inspiré.

Pour moi ça n’a pas été le cas, mais il est vrai que ces amis là ont eu une vie plus proche de moi, soit que l’on ait travaillé ensemble, soit que j’ai créé pour eux et avec eux des enterprises, soit que je me sois occupé d’eux parce qu’ils avaient besoin de moi et que j’étais content en les aidant d’être avec eux. Et que leur difference d’âge d”abord et de culture me permettait tout en viellissant d’avoir un regard sur la vie un peu différent.

D’abord, il y a eu MICHEL, il était un peu plus âgé que moi, je n’étais pas marié , lui non plus et nous travaillions ensemble, nous nous sommes quittés quand je suis parti au service militaire. C’est chez, à mon retour lui que j’ai rencontré Jacqueline qui est devenue ma femme. Il a eu une jambe coupée dans un accident de camion en venant me récupérer moi et le décor d’un de mes premiers spectacles. Il s’est. marié avec son infirmière. Et puis un jour j’ai appris sa mort.

Ensuite iI y a eu LOULOU, il avait un an de plus que moi j’étais marié depuis deux ou trois ans. Lui aussi . Je travaillais au théâtre et lui était déménageur, dans une entreprise lyonnaise qui grâce à notre rencontre s’est spécialisée dans le transport des décors. Nous avons roulé ensemble pour le théâtre et nous avons traversé l’Europe entière pendant plusieurs années de tournées des spectacles du TNP. Comme son patron le faisait dormir dans le camion tout de suite je l’ai invité à venir dormir dans ma cahmbre et comme cela nous avons passé des années entières. Et puis lui aussi a eu une jambe coupée dans un terrible accident de camion , une nuit, et pendant deux années je suis allé le voir tous les jours à l’hopital. Et puis la vie nous a séparé et je n’ai plus de nouvelles de lui .

GERARD, était beaucoup plus jeune que moi il travaillait comme électricien quand le theâtre municipal de Villeurbanne était en travaux pour devenir le TNP. Gérard est resté comme électricien , puis avec Chéreau il est devenu éclairagiste et nous avons partagé au moins 3 a 4 ans de tournées puisque pour les spectacles de Patrice Chéreau lui faisait la lumière et moi le son. A l’hotel en tournée nous partagions la même chambre et il y a eu des retpours au petit matin épuisés après les chargements de nuit, et des retours au petit matin épuisés par les fins de fêtes trop bien arrosées. Ensuite j’ai quitté le TNP et Gérard est parti de son côté il s’est marié j’ai été à Chicago son témoin de marriage. Et puis avec Tracy il est “monté” à Paris et nous ne nous retrouvons pas tres souvent mais toujours avec beaucoup de plaisir.

Puis est arrivé ROBERT, il travaillait au TNP avec moi , il était serrurier et specialisé dans la soudure alu. Il était délégué du personnel et nous avons sympathisé. Robert avait 10 ans de moins que moi, était marié et avait dejà 2 garçons. Pour que nous puissions être ensemble un peu plus comme j’avais à ce moment là besoin d’un assistant il a obtenu avec difficulté l’autorisation de quitter l’atelier pour me rejoindre et a appris le son avec moi. Nous avons decidé en 1980 de créer une société ensemble et ainsi est née la Boite à sons. Nous nous sommes associés et cette association a duré 10 ans. Notre collaboration est devenue compliquée nous avons du régler des problèmes financiers et administratifs avec douleur. La séparation n’a pas été facile, mais au fond de nous, nous aimions toujours autant je pense. Puis il a mené l’entreprise vers d’autres objectifs et se retrouve maintenant à la retraite . Avec lui nous avons tout partagé avec beaucoup de bonheur, les chambres , les copains, tout. Et surtout nous avons inventé une belle entreprise.

Tout en travaillant avec Robert à La Boîte à sons j’ai rencontré un jour sur la place de Villeurbanne FRED. C’était en juin au moment des fêtes de Vileurbanne il travaillait comme jardinier à la mairie et il y a eu entre nous comme un coup de foudre. J’aurais pu être le père de Fred puisqu’il avait l’âge d’une de mes filles. Nous sommes partis ensemble un weeck-end à Avignon ou je travaillais, et nous ne nous sommes plus quittés pendant 13 ans. Je crois qu’il est tres fier de tenir le record de durée en amitié. Comme ma rupture avec Boite à sons était éffective j’ai inventé avec lui SONS et nous sommes restés associés pendant 10 ans. Nous avons fait le tour du monde ensemble grâce à notre travail pour Renault. Nous partagions toujours la même chambre, d’une part par souci d’économie et aussi parce que l’on s’ennuyait chacun dans sa chambre. On avait des rituels, celui par éxemple de mettre le plus vite possible la chambre d’hotel en désordre en le moins de temps possible après notre arrivée (on changeait les lits de place). Et puis Fred après une ou deux tentatives s’est marié a eu des enfants je lui ai proposé parce que pour moi l’âge de la retraite arrivait de prendre ma place, et il a préféré monter sa propre société. Nous avons eu à ce moment là aussi des moments douloureux, mais nous sommes toujours en bonne amitié.

Avec ma décision de me construire une maison au Maroc , j’ai rencontré MOURAD. La maison venait d’être finie et je me retrouvais un peu seul chaque fois que j’allais là-bas. Un jour j’ai trouvé Mourad au bord de la route qui va de Marrakech à Essaouira. Le cortège se sa Majesté bloquait la route et nous nous sommes retrouvés a devoir attendre deux heures juste devant la boutique ou il travaillait à faire des sieges en paille. Le courant est passé plus vite que le cortège , nous avons bu le thé, et il m’a demandé “si je voulais être son ami français” comme il avait une tête qui me plaisait j’ai dit oui et je l’ai invité quand j’étais là le weeck-end, apres son travail à venir à la maison.

Nous avons vraiment beaucoup ri. Mourad a quarante ans de moins que moi. Peut être un peu moins (38) Avec lui j’ai vu le maroc différement. Nul doute que lorsqu’il m’a demandé de devenir son ami il a d’abord pensé que je serai le passeur qui lui permettrait d’aller en France. Et pendant trois ans il n’a cessé de me rendre fou avec sa demande . Mais j’avais mis un point d’honneur à l’aider a réaliser son rêve. Avec lui j’ai appris vraiment ce qu’était la pauvreté. Je suis allé dans sa famille. J’ai mangé par terre parce qu’élevé par sa grand mère il n’y avait pas d’argent pour avoir le moindre meuble. Mourad m’a appris à voir le maroc des pauvres . Le soir du 20 septembre 2003 je saluais devant 70000 personnes au stade de france a la fin de Carmen et trois jours après j’étais dans une des familles les plus pauvres du maroc pour manger et coucher par terre . Et puis après des bagarres sans fin entre nous et avec l’administration française , je suis enfin grâce au festival d’ avignon arrivé a lui obtenir un visa pour participer à un spectacle. Et je n’oublierai jamais l’arrrivée de Mourad à Orly tout habillé de blanc avec sa valise rouge c’était une star et il réalisait son rêve d’enfant. Et puis la nuit après le spectacle il est parti pour l’italie. Je suis allé le voir sans papiers a Florence ou il vendait des parapluies pour survivre et il couchait sur un carton dans la rue comme au maroc. Je lui ai payé une chambre pendant un an , je l’ai aidé à avoir des papiers et il continue a être à Florence avec son petit garcon. Nous ne nous voyons plus mais nous nous téléphonons souvent.

Un an ou deux après que Mourad se soit installé (c’est un bien grand mot) en Italie, je me suis mis à avoir à nouveau beaucoup de travail et donc à me retrouver tres souvent seul à l’hotel dans mes déplacements et je n’avais pas connu cette situation depuis la fin de ma collaboration avec Fred. C’est. un soir à l’hotel en pianotant sur internet que j’ai rencontré ARTUR.

Artur est roumain , il est en quatrième année d’université maritime, nous avons un peu conversé et nous nous sommes donné des rendez-vous téléphoniques. Il m’a demandé si je pouvais l’aider à financer ses études et je lui ai dit qu’il fallait que l’on se rencontre d’abord. C’était début janvier 2009 je travaillais sur un spectacle et lui ai proposé que l’on se voie en mars il m’a répondu qu’il n’en était pas question qu’il fallait que l’on se voie à la fin de la semaine. J’ai payé le billet d’avion aller et lui le retour ( un aller retour Bucarest-Paris coute actuellement 70 euros) Je suis allé l’attendre a Roissy. Nous ne nous étions jamais vu, si ce n’est. par internet c’était étrange, je le croyais petit il était grand. Nous avons passé un weeck-end ensemble et avons établi un contrat entre nous. Je lui paierai ses études en le faisant travailler avec moi comme assistant chaque fois que j’aurais du travail, et lui resterait avec moi et m'apprendrait l'anglais que je ne parlais pas du tout. C’est ainsi que nous avons fait un spectacle à Paris au théâtre de la Madeleine, puis un opéra à Genève , puis Le Mont st Michel, et la Grande Mosquée de Paris pour la nuit Blanche.

J’ai 67 ans et il en a 23. Il est d’origine turque et les rapports sont souvent tres violents. Comme il ne parle que l’anglais et le roumain , dans notre contrat tacite il doit m'a fait progresser en anglais.

Et voilà l’histoire des ces 7 amitiés particulières qui s’étalent sur preque 40 ans. J’ai du souffrir par instant dans certaines séparations, nous nous sommes tous beaucoup battus les uns et les autres parce que nos caractères, nos âges et nos points de vue étaient sans doute tres différents.

Je garde de toutes ces amitiés qui ont tant fait “jaser” autour de moi une joie immense de les avoir vécues et une grande tristesse de ne pas avoir été compris parce que l’on associait ces “amitiés si particuilères” au malsain au ridicule voir au honteux. C’est pour faire partager mon innocence certes , mais ma vérité et ma joie dans toutes ces aventures que j’ai voulu écrire ces quelques pages.

1 commentaire:

Philippe a dit…

bonjour andré,

Merci pour ces écrits...La preuve que sans amours nous ne pouvons avancer !!!

Philippe R